La rencontre avec un ours, un risque bien réel au Japon
Le Japon, pays insulaire verdoyant et montagneux, abrite une faune sauvage riche et diversifiée. Parmi les habitants de ses forêts denses figure une espèce aussi fascinante que redoutable : l'ours brun. Présent sur les îles de Honshū, Shikoku et Kyūshū, il représente un danger potentiel pour les nombreux randonneurs qui arpentent les sentiers nippons.
Selon les statistiques officielles, les rencontres entre ours et êtres humains sont en augmentation constante ces dernières années au Japon. En 2020, pas moins de 13 669 signalements d'ours ont été enregistrés, un chiffre record représentant une hausse de 16,4% par rapport à 2019 (Source : Ministère de l'Environnement du Japon). Cette hausse s'explique notamment par l'expansion des zones urbaines qui réduisent l'habitat naturel de ces plantigrades. À la recherche de nourriture, ils se rapprochent dangereusement des zones habitées.
Si les régions montagneuses regorgent d'ours bruns, certaines préfectures sont particulièrement à risque. En 2019, Ishikawa a enregistré 1 554 signalements, Nagano 1 423 et Niigata 1 156, concentrant ainsi près de 30% des cas pour l'année au Japon. attaque ours j(Source : Agence de protection de l'environnement). L'île de Hokkaidō, au nord de l'archipel, compte également une forte densité d'ours avec une population estimée à 8,300 individus en 2015. (Source : Gouvernement de Hokkaidō) En 2022, deux randonneurs ont d'ailleurs perdu la vie après avoir été attaqués dans la péninsule de Shiretoko, un site naturel classé au Patrimoine mondial par l'UNESCO.
Bien que rares, les attaques d'ours peuvent avoir des conséquences dramatiques. Entre 2005 et 2015, on a dénombré 62 victimes d'ours au Japon, dont 25 décès. Ces chiffres placent le pays en tête des nations développées pour le nombre d'agressions mortelles impliquant des ours. La force redoutable de ces mammifères et leurs griffes acérées causent en effet de terribles blessures lorsqu'ils chargent.
Face à un ours, la réaction adéquate peut sauver une vie. Les autorités conseillent de ne jamais prendre la fuite mais de reculer lentement, sans faire de mouvements brusques, tout en parlant calmement pour rassurer l'animal. En parlant calmement, vous permettez à l'ours de vous identifier comme un humain et non comme une proie. Il faut aussi s'efforcer de paraître plus grands en écartant les bras. Ne le regardez pas dans les yeux : Les ours peuvent interpréter un contact visuel direct comme une menace. En cas d'attaque, il est recommandé de se courber en position fœtale pour protéger les organes vitaux. Faire usage d'un dispositif de défense comme un spray au poivre peut également dissuader l'ours. La meilleure défense étant de ne pas le rencontrer, il est recommandé de porter une cloche en marchant. Le son fait fuir l'animal.
Face à ce défi de cohabitation entre l'homme et l'ours, les pouvoirs publics multiplient les initiatives de prévention. Encadrement renforcé des pratiques d'alimentation des ours, installation de clôtures électriques, voire régulation raisonnée des populations dans certaines zones très à risque. Des mesures indispensables pour tenter de préserver un équilibre durable entre la quiétude des randonneurs et la préservation de cette espèce emblématique du Japon. En 2025, en réponse à l'augmentation des incidents, le ministère de l'environnement envisage d'augmenter significativement le budget de support aux initiatives de prévention contre les attaques des ours.
Pour en savoir plus :
Japan Times - Environment Ministry to boost support for local governments facing bear attacks
